-- Extrait --
-- Extrait --
Ces dernières décennies, la question de la durabilité a été évoquée dans de nombreux secteurs d’activités ou scientifiques, mais le point commun de ce concept est, qu’à l’origine, il émane du domaine de la gestion et de la préservation de l’environnement, notamment dans le cadre du développement durable. En prenant soin de recouper tout un ensemble de travaux inscrits autour du principe de durabilité, nous avons observé que derrière un même vocable, sous forme nominale ou adjectivale (durabilité et/ou durable), la question de la durabilité revêt des sens et des systèmes d’intention extrêmement variables, selon les visées et les référents privilégiés par les auteurs. Par conséquent, il nous a semblé utile et nécessaire pour construire au mieux notre propos, de tenter de délimiter la durabilité dans le champ large de l’information et celui plus restreint, des pratiques informationnelles. L’exercice se révèle extrêmement délicat, car comme toute démarche exploratoire, il oblige le chercheur à importer des définitions et des délimitations épistémologiques de secteurs variés, dont les intentions liées à la durabilité peuvent être très hétérogènes. Stricto sensu, la durabilité renvoie dans son sens premier et générique à la question de la « durée », au sens de la recherche à terme d’un équilibre inscrit dans le temps, permettant de ce fait de dégager des manières de faire voire des manières d’être, vouées à l’équilibre, stables et assurant un équilibre de l’environnement dans lequel il s’inscrit. Parallèlement, chez les anglo-saxons, le terme « sustainability » propose un dépassement de la seule idée de durée, pour évoquer notamment des modes de rationalité, de gestion, de programmation des activités, d’anticipation des situations, de résistance à des tendances collectives, etc. montrant dès lors un concept bien plus riche et plus dense que la seule idée d’inscription dans la durée (Bridgland & Whitehead, 2004). Ceci revient à dire que, selon nous, la durabilité n’est pas seulement un concept aidant forcément à résoudre des situations info-communicationnelles dysfonctionnelles, mais constitue davantage un « concept problème » dans le sens où le suggère Brigitte Simonnot « il porte des questions différentes sur les phénomènes auxquels il est appliqué » (Simonnot, 2013). Ainsi, la force de ce concept pour les chercheurs en sciences de l’information et de la communication qui interrogent les pratiques professionnelles en situation, à travers le « questionnement durable », est de viser un dépassement des définitions et délimitations actuelles, en tentant de convoquer des expertises et travaux réflexifs issus de diverses sciences qui ont inscrit la durabilité dans leur champ de compréhension de la complexité des usages et des pratiques.
Catégorie parente: Actes de colloque ⎪in COSSI 2013 : La culture de l’information et les pratiques informationnelles durables ⎪Publication : 19 juin 2013
-- Extrait --
L'objectif de durabilité des pratiques d’information dans un collectif humain a de meilleures chances d'être réalisé si le projet suit une approche participative, puisque les bénéficiaires développeraient les aptitudes, les compétences et la confiance en eux dont ils ont besoin dans le cadre de leurs activités. La durabilité peut ainsi s’entendre, comme la poursuite des activités de développement communautaire par les membres de la communauté une fois cessés l'aide et l’accompagnement extérieurs. Dès lors, ce type de démarche doit s’appuyer sur des temps réguliers d’évaluation, permettant alors de juger et de déterminer l’état d’avancement des activités liées au projet, d’apprécier la conformité aux objectifs fixés préalablement et de pouvoir ainsi réajuster les pratiques d’information en cas d’écart conséquent avec les résultats attendus. Nombre de projets s’organisent autour d’évaluation réalisée par les seuls responsables de projets, ou plutôt en fin de celui-ci. Or, il s’agit d’envisager des modes d’évaluation partagés, négociés et répartis tout au long du projet professionnel engagé ou à engager. Par conséquent, l’évaluation portera sur l’ensemble du processus de recherche et d’appropriation de l’information par les acteurs responsables de l’ensemble de la chaîne d’activités.
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-- Extrait --
La notion de durabilité de l’information est intervenue tout au long de nos recherches. Tout d’abord dans le processus de création puis de gestion des connaissances au sein des organisations : les scientifiques y voient la capitalisation et le partage des connaissances comme nécessairement inscrits dans le processus d’innovation en entreprise, et l’indispensable nécessité de mettre en réseau, de créer un maillage de connaissances. Mais également par la suite dans la gestion informatisée de l’information : durabilité, s’inscrivant tant dans une problématique d’accès à long terme, que dans celle d’un accès facilité par une mise en réseau intelligente.
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-- Extrait dans lequel le concept "durabilité" est parent du concept "stabilité" --
Comme le souligne le collectif EcoInfo (Berthoud, 2012), dans l’idée de la durabilité appliquée aux technologies de l’information et de la communication, est comprise l’idée de recherche de stabilité des solutions techniques, la stabilité permettant de résoudre un ensemble de tâches nécessaires sans chercher à viser l’extrême nouveauté vis-à-vis des marchés technologiques. La loi de Wirth rappelle en particulier, que le logiciel fait ralentir les systèmes d’exploitation plus vite que le matériel ne monte en puissance. On parle de « bloatware » traduit en français par « obésiciel » pour désigner un logiciel utilisant une quantité excessive de ressource système, mais aussi un logiciel accumulant une quantité importante de fonctionnalités disparates, dont certaines ne sont jamais utilisées. Il serait dans une perspective durable, plus efficace et logique d’avoir des logiciels qui fournissent à la base des utilisateurs, un socle de fonctions et de fonctionnalités utilisées par tous, pour un même secteur d’activités, et propose en option le rajout de fonctions supplémentaires en fonction de besoins de gestion et d’information sériés. Berthoud souligne, dans une remarque de bon sens, que la course effrénée à la nouveauté fait qu’une grande partie des ressources, des logiciels et des techniques de l’information sont rendues obsolètes avant même qu’elles soient inutiles à utiliser ! Ce qui tend à dire que les professionnels ne doivent en aucun cas être guidés par des supposés besoins professionnels d’information ou définis par les producteurs et développeurs du marché du logiciel, mais bien en fonction d’une analyse posée et distanciée de leurs véritables besoins d’information et de gestion. Cette posture réflexive nous oblige à entrevoir des temps et des dispositifs de repérage et d’identification de bonnes pratiques, dépassant les seules astuces ou les supposés besoins à venir déterminées par les producteurs de ressources (3). Au-delà du repérage des bonnes pratiques et de leur traduction logicielle, pour évaluer les besoins durables d’information (logicielle), la question de la stabilité des systèmes et des techniques revient à faire se questionner les professionnels sur leurs critères d’obsolescence. Lors de nos entretiens avec des professionnels de l’éco-architecture, quatre critères d’obsolescence sont évoqués prioritairement : d’une part, l’obsolescence fonctionnelle faisant qu’un système ou un logiciel est appelé à court terme à ne plus pouvoir fonctionner en l’état, d’autre part, l’obsolescence notifiée, par les développeurs et producteurs de ressources logicielles, ensuite, l’obsolescence écologique revenant à changer notamment de version logicielle afin de lutter en faveur de l’impact environnemental, enfin, l’obsolescence indirecte, où il devient moins coûteux pour le professionnel de renouveler l’ensemble du matériel, software et/ou hardware, que d’acheter les mises à jour ou les nouvelles versions sur le marché. Nous soulignerons qu’in fine, accompagner les pratiques durables d’information revient à posséder une culture technique et à être régulièrement informé sur l’état du marché et des innovations sectorielles.
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-- Extrait dans lequel le concept "durabilité" est parent du concept "longévité" --
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-- Extrait dans lequel le concept "durabilité" est parent du concept "viabilité" --
La durabilité des pratiques d’information découle également d’une forme de stabilité et d’équilibre du système d’information auquel se réfèrent principalement les acteurs. En effet, nous ne pouvons interroger la durabilité des pratiques d’information, sans imaginer la viabilité des systèmes d’information sollicités. Marie-Hélène Durand (Durand et al., 2012), par exemple, souligne que les systèmes (d’information) dynamiques ne sont pas ceux qui recherchent « une solution optimale » à partir d’un critère posé a priori, mais d’abord ceux qui respectent les contraintes à chaque instant et intègrent à temps les diverses prises de décisions, en considérant l’adaptation des évolutions sans préjuger du futur. Ainsi, l’approche par la théorie de la viabilité met l’accent d’abord sur les contraintes et leur respect, plutôt que sur la recherche d’équilibres particuliers pour des évolutions spécifiées a priori. Dans le secteur de l’éco-construction, les contraintes repérées sont prioritairement d’ordres économique, normatif voire physique. Les acteurs dans leurs pratiques d’information cherchent pour la plupart à se dégager des logiques d’optimalité pour plutôt rechercher les meilleures conditions adéquates à leurs projets et difficultés du moment. Ainsi, en croisant nos résultats d’entretien avec des acteurs de l’éco-construction et les approches du management cognitif des systèmes d’information (Bouvier, 2011), nous percevons que les défauts de viabilité des systèmes d’information actuels sont caractérisables autour de 4 signaux faibles, à savoir : l’absence d’une bonne connaissance des praticiens (notamment de leur niveau personnel d’information et de connaissance sur les thématiques émergentes de l’éco-construction), la difficulté à identifier un ensemble de signaux faibles de la part de l’environnement de travail, l’obstacle à rendre interopérable leur système d’information personnel avec celui des grands réseaux et fournisseurs d’informations professionnelles, enfin, une tendance à reproduire des échecs antérieurs faute d’une capacité à organiser de manière viable des bases de récits et d’expériences ayant conduits à des difficultés voire des échecs par le passé.
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-- Extrait dans lequel le concept "durabilité" est parent du concept "rationalité" --
Par essence, la rationalité est ancrée autour de deux grands principes, exposés dans l’approche de Michel de Certeau (1990). La rationalité dite de l’acteur qui porte sur la dimension stratégique, notamment dans le choix des lieux, et la dimension tactique, qui porte sur le choix des personnes. Cette double composante de la rationalité a d’autant plus de sens que l’on s’interroge sur les pratiques d’information. Le monde professionnel nous montre ces dernières années, que la question générique de la durabilité a particulièrement été interrogée dans les entreprises s’inscrivant dans le courant des Responsabilités Sociales de l’Entreprise (RSE) (Vidal, 2008). L’approche constructiviste, en particulier, qui nous permet de penser que la construction d’un système d’information professionnel est un acte et un espace négocié, donc négociable, entre les acteurs, ce qui par principe le rendrait dès lors « durable » car porté et envisagé par une majorité d’entre eux. Cette approche constructiviste et responsable implique de considérer alors l’entreprise voire le réseau d’entreprises dans un encastrement social, économique et d’innovation, où l’ensemble des priorités et des prises de décisions sont le résultat de relations et de réflexions collégiales. Au-delà du périmètre observé, la rationalité de l’entreprise s’étend de manière concertée avec l’ensemble des parties prenantes (entreprise, mais également, collectivités publiques, société civile...). Ainsi, les formes de la rationalité engagée et leur traduction sont définies dans un partenariat social accepté par toutes les parties prenantes, que celles-ci soient internes ou externes.
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-- Extrait dans lequel le concept "durabilité" est parent du concept "responsabilité" --
Ainsi, le concept de durabilité vise un principe fondamentalement responsable cherchant à mettre en œuvre et à articuler de pair trois objectifs à savoir : d’une part, maintenir l’intégrité de l’environnement pour assurer la santé, le bien-être et la sécurité des membres composant la communauté en cherchant à préserver leurs écosystèmes, ceux vitaux pour l’organisme ou l’entreprise que nous prenons en considération. D’autre part, assurer un principe d’équité sociale et informationnelle permettant l’essor des communautés, le respect de la diversité, tout en tentant d’assurer un équilibre et un épanouissement des individus composant le système ou l’organisation considérée. Enfin, viser et soutenir des démarches innovantes et évolutives assurant ainsi au collectif observé de ne pas chercher seulement la reconduction des pratiques mais leur évolution en phase avec certaines nouvelles tendances des marchés et des pratiques informationnelles. On notera également, que dans ces divers courants et travaux, la responsabilité est partagée au niveau individuel et collectif, l’un n’étant jamais envisagé sans l’autre.
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-- Extrait dans lequel le concept "durabilité" est parent du concept "performativité" --
Une autre dimension de la durabilité concerne la recherche de la meilleure performativité du groupe ou de l’entreprise. Le concept de durabilité repose essentiellement sur trois types de performance à savoir :
la performance économique ; les acteurs du terrain d’étude que nous analysons depuis quelques mois déjà, lient la question de la durabilité des pratiques d’information à celle de la recherche de la meilleure performance en terme économique. Réfléchir, organiser, structurer les pratiques d’information n’auraient de sens fondamentalement qu’à la condition que ceci est une incidence sur l’amélioration du chiffre d’affaire, la croissance du dividende,... notamment vis-à-vis de leurs concurrents directs. la performance environnementale dans le sens où leurs pratiques professionnelles et d’information devraient leur permettre de réduire un ensemble de coûts en matière énergétique, consommation de fongibles, réduction des coûts d’abonnements, etc. enfin, la performance sociale, dans le sens où, le renforcement de pratiques informationnelles réfléchies et durables, devraient à terme, les rapprocher davantage des autres entreprises, des collectivités, au-delà, permettant de charpenter des communautés de praticiens, des réseaux informels de formation professionnelle mutuelle, d’échanges sur les pratiques innovantes, etc.
Rares sont les entrepreneurs qui semblent considérer la durabilité de la gestion de l’information comme un principe hédoniste ; l’intérêt de la durabilité, à leurs yeux, est de chercher fondamentalement à améliorer la performativité de leur entité.
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-- Extrait dans lequel la "culture de l'instantanéité" est opposée à la "durabilité" --
La culture de l’instantanéité s’oppose-t-elle réellement au concept de durabilité ? Comment rendre la culture de l’information pérenne alors qu’étant étudiée sous l’angle des technologies du numérique, elle évolue dans un environnement instable et en perpétuel changement ? En effet, le Web est un écosystème dynamique où les informations apparaissent, se transforment et évoluent continuellement. En parallèle, les TIC suivent le rythme de transformation du Web, les outils, applications et sites Web évoluent également, impliquant parfois une perte de repère quant aux habitudes des usagers. Comment maintenir dans un tel contexte une culture durable de l’information ? La réponse se trouve peut-être dans une culture de l’information que nous qualifierons de dynamique[8], en mouvement et en perpétuelle quête d’amélioration. Cette conception de la culture de l’information peut être illustrée par cette citation d’Alvin Toffler, sociologue et écrivain américain (in Gibon R., 1997) : « The illiterate of the 21st century will not be those who cannot read and write, but those who cannot learn, unlearn and relearn ». Cette citation célèbre d’Alvin Toffler n’est pas sans rappeler la notion d’apprentissage continu, aussi appelé lifelong learning, qui désigne un apprentissage « tout au long de la vie », mais Alvin Toffler va plus loin en parlant d’« apprendre, désapprendre et réapprendre ». Dans cette même logique, Mark Deuze (2007) souligne que les travailleurs d’aujourd’hui [et de demain] devront être capables de désapprendre les compétences obsolètes tout en s’adaptant aux technologies présentes et futures. Selon Deuze (ibid.), les travailleurs doivent devenir « leurs propres entreprises », être autonomes et capables de s’adapter aux nouvelles réalités de leurs emplois. Cet aspect est également développé par Olivier Le Deuff (2011), qui évoque la possibilité du Personal Knowledge Managementselon l’acception de Christophe Deschamps[9] (in Delengaigne, Mongin, Deschamps, 2011) comme moyen d’apprendre tout au long de la vie, mais aussi de travailler « pour soi et sur soi », de s’améliorer tout en cherchant à devenir autonome vis-à-vis de son lieu de travail.
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-- Extrait dans lequel la "durabilité" est proche de la "démocratie" --
Pour Arizpe et Paz (1992), le concept de « durabilité » est proche de celui de « démocratie » car il s’agit d’idéaux de « comportements sociopolitiques ». Les auteures analysent le concept de « durabilité » sous l’angle du développement et plus précisément du « développement durable ». Elles reprennent la définition que donne Robert Ayres tout en soulevant le problème de définition que pose le terme « harmonie » : « La durabilité est un processus de changement dans lequel l'exploitation des ressources, le choix des investissements, l'orientation du développement technologique et les changements institutionnels, est en harmonie avec les besoins et les aspirations de l'homme et favorise à la fois notre capacité actuelle et future à les satisfaire ».
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-- Extrait dans lequel les "pratiques communicationnelles durables" s'inscrivent dans la "durabilité" --
Toute réflexion en termes de durabilité introduit le temps long dans l’analyse. Elle ne se satisfait pas d’une étude de situation à un moment du temps (l’instant « t »), ni même de la simple comparaison de deux instants (« t » et « t+1 ») ou de la distinction du temps d’avant (ex ante ) et du temps d’après réalisation (ex post¬). Elle ne privilégie pas le temps court, l’optimisation immédiate, la comparaison de séquences successives.
Le temps long de la réflexion en termes de durabilité, comparable en ce point à celui des démographes, pense en termes de « générations futures ». Ce temps long ne peut donc être que celui de la prospective, hasardeux car, au delà d’une certaine période de temps, la prévision devient impossible. Il est aussi un temps volontariste, philosophique et politique. Volontariste car l’atteinte des objectifs demande une patience que seule une volonté constante permet d’espérer atteindre, sans garantie aucune pour les acteurs d’aujourd’hui que demain connaîtra des bénéficiaires de leurs actions. Philosophique et politique, car il est indissociable d’une conception du bonheur et de l’équilibre de l’Homme considéré individuellement, mais aussi des générations futures d’hommes à venir qui peupleront la planète, l’une et l’autre étant susceptibles d’évoluer précisément au fil des générations.
L’introduction du temps long pourrait nous conduire à une sorte de découragement keynésien en ce sens que Keynes privilégiait l’analyse à court terme en arguant du fait que « à long terme, nous sommes tous morts »… Pourquoi, donc, nous interroger sur un hypothétique « équilibre communicationnel » ?
Peut-être parce que l’observation des effets des pratiques actuelles de communication ne laisse pas indifférent : le temps de la pensée chassé par la préférence pour l’action immédiate (Le Deuff, 2011) et le développement d’une pensée comprimée que C. Alloing qualifie avec à-propos de « web des corps gras » (Alloing, 2010) ; la culpabilisation de la non-réactivité ou, pire, de la non-connection ; le transfert de certains coûts de communication sur l’individu, sommé de dépenser en équipements et abonnements pour se connecter ; la remise en cause de la frontière entre vie privée et vie publique (13) ; le traçage informatique ; l’impossible apprentissage permanent des évolutions des multiples outils (14)… Aucun espace communicationnel ne semble préservé. Au sein même de notre communauté de chercheurs, le mouvement naissant de slow science semble indiquer l’émergence d’une prise de conscience de la vanité et la vacuité d’une course à la communication chez les scientifiques, quelque pression qu’ils subissent en ce sens. En témoigne son manifeste: « We are scientists. We don’t blog. We don’t twitter. We take our time. […] We do need time to think. We do need time to digest. We do need time to misunderstand each other, especially when fostering lost dialogue between humanities and natural sciences. We cannot continuously tell you what our science means ; what it will be good for ; because we simply don’t know yet. Science needs time (15). »
L’auteur de ces lignes a vainement cherché (mais peut-être a-t-il mal cherché ?) parmi les approches pragmatiques, fonctionnalistes, interprétatives… une définition de la communication qui introduise la dimension temporelle explicitement et de manière forte avec un regard en termes de temps long (16). Lorsque la communication n’est pas confondue avec l’information, c’est couramment l’idée de partage qui prévaut, lequel implique une circularité dans l’échange, et donc implicitement du temps. D. Wolton insiste sur une évolution majeure en ce domaine : « On observe le même changement de sens du mot communication. Celui-ci signifie beaucoup moins aujourd’hui le sens classique de partage de valeurs communes, que l’idée de cohabitation liée à la nécessité de faire tenir ensemble des logiques disparates. Hier, communiquer, c’était partager, réunir, ou unir. Aujourd’hui c’est beaucoup plus cohabiter et gérer les discontinuités. » (Wolton, 2009) Lesquelles impliquent une perspective de durabilité. En revanche, la dimension temporelle apparaît dès qu’est exposée la notion de système de communication. Ainsi, chez Alex Mucchielli : « Un système de communications, au sens de la systémique qualitative des communications, est un ensemble récurrent, régulier et repérable de formes d’échanges existant, dans une certaine temporalité, entre des acteurs participant d’un cadre d’action pertinent, ensemble qui entraine les acteurs dans sa dynamique propre. » (Mucchielli, 2006). La question est donc moins à formuler en termes de communication que de système de communication, donc de pratiques renouvelées, régulières.
Catégorie parente: Actes de colloque ⎪in COSSI 2013 : La culture de l’information et les pratiques informationnelles durables ⎪Publication : 19 juin 2013
-- Extrait dans lequel la "recherche d'information" est indispensable à la "durabilité" --
Ainsi, la notion de recherche d’informations apparaît indispensablement liée à celle de durabilité. Cette notion est apparue avec la naissance des premiers ordinateurs dans les années 1950. La question de l’archivage des données et les moyens de les retrouver plus simplement, rapidement et le plus pertinemment possible est alors posée. Aujourd’hui, la production de quantités de données est telle au sein même des entreprises que cette notion doit plus que jamais être travaillée. Comment permettre à l’ensemble des collaborateurs d’une entreprise d’accéder à l’information désirée le plus rapidement possible ?
Catégorie parente: Actes de colloque ⎪in COSSI 2013 : La culture de l’information et les pratiques informationnelles durables ⎪Publication : 19 juin 2013
-- Extrait dans lequel la "durabilité" est dépendante de l' "écosystème informationnel" --
La durabilité est indissociable de la complexité qu’Edgar Morin (2007) relie à la pensée des écosystèmes, des interactions et des modes de régulation. Vincent Liquète (2011) a développé cette réflexion pour ce qui concerne l’information en proposant d’étudier les écosystèmes informationnels à partir des personnes «ressources», des structures, des services et des documents. Dans le cadre des organisations, les modèles de gestion des connaissances répondent en partie à l’exigence de durabilité en organisant la capitalisation, le partage et la création de connaissances à partir du système d’information (Ermine, 2008). En dehors des organisations, ces modèles ne sont plus opérants.
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-- Extrait dans lequel la "durabilité" est dépendante de l' "écosystème informationnel" --
La durabilité suppose la pérennité à travers la prise en compte des interactions entre environnement, société et économie. Elle permet de considérer un écosystème informationnel dans sa dimension temporelle, par la mise en place de procédures qui inscrivent les activités dans le temps d’une part, dans l’espace social d’autre part, par la gestion, la communication, la médiation, la régulation. L’instauration de modes raisonnés et rationnels de gestion de l’information permet de l’inscrire dans le temps de l’usabilité sans déperdition d’énergie pour la retrouver et la réutiliser. Ces procédures sont essentielles dans des communautés émergentes qui n’ont pas les moyens économiques d’instaurer des modalités de régulation des circuits de l’information. Elles mettent en lien : la dimension sociale, collective ou communautaire pour le partage de l’information (participation/coopération), la dimension écologique : prise en compte des relations entre systèmes d’information, et des interrelations entre macro et microsystèmes, l’identification d’acteurs-clés qui sont des relais de l’information mise en réseau.
Cependant, la notion de durabilité semble centrée sur la temporalité, alors que le concept anglo-saxon de sustainability réfère à des dimensions sociales plus larges, et notamment à la participation des acteurs (Nolin, 2010). En matière d’information, celle-ci repose sur l’intégration de la complexité dans l’identification des besoins d’information et leur gestion. Cette identification se fait à travers la mise en place d’un dialogue entre les acteurs, dont les interactions sont créatrices. Trois caractéristiques se dessinent ainsi. Les interactions sociales créatrices par l’identification des besoins d’informations nécessitent la mise en place d’un dialogue dessinant l’espace de la communauté (Caron, Doueihi, 2011), d’une relation de confiance entre les acteurs (Maurel, 2006), et d’un lien entre travail et engagement social permettant la reconnaissance (Mercier, 2005). Ensuite, le passage de l’économie à l’écologie de l’attention (Salaün, 2012) basée sur la rareté, la pérennité, voire la gratuité peut permettre aux communautés professionnelles de fonctionner en marge du marché « dominant » de l’information et de la formation professionnelle. Enfin, il est nécessaire de transposer des compétences informationnelles entre cultures professionnelles et de faciliter l’émergence de métacompétences (Liquète, 2011).
Catégorie parente: Actes de colloque ⎪in COSSI 2013 : La culture de l’information et les pratiques informationnelles durables ⎪Publication : 19 juin 2013
-- Citation tirée de : Arizpe, L., et Paz, F. (1992). Culture et durabilité. Tiers-Monde. 130.339-354. --
« La durabilité est un processus de changement dans lequel l'exploitation des ressources, le choix des investissements, l'orientation du développement technologique et les changements institutionnels, est en harmonie avec les besoins et les aspirations de l'homme et favorise à la fois notre capacité actuelle et future à les satisfaire ».
Catégorie parente: Actes de colloque ⎪in COSSI 2013 : La culture de l’information et les pratiques informationnelles durables ⎪Publication : 19 juin 2013
-- Citation tirée de : Gueldry, M., et Knuckles, J. (2012). Promouvoir la durabilité par l’analyse du cycle de vie des produits. VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement. 12. --
-- Cas intitulé : La durabilité appliquée à l'éducation --