L’accélération des évolutions socio-économiques et technologiques des sociétés post-modernes a des conséquences sociétales dont les impacts multiples sont loin d’être compris dans toute leur ampleur (Turner et al., 2009; Martel, 2011). De nombreux travaux de recherche se penchent sur la contribution des technologies de l’information au développement de l’économie du savoir dans le cadre de la société de l’information (Prensky, 2001; Tapscott, 2010).
D’autre part, un angle de grande actualité pour les recherches en sciences de l’information et de la communication est constitué par la problématique de la culture de l’information devenue une compétence organisationnelle stratégique, en tant que concept et vision globale et systémique des attitudes et des pratiques informationnelles dépassant la portée de ce qu’est la notion courante de littératie et de ses déclinaisons (littératie de contenu et de contenant) (Savolainen, 2009; Gardies, Fabre, Couzinet, 2010).
Les chercheurs commencent ainsi à orienter davantage leur attention vers l’investigation de cette thématique, en raison de la compréhension de plus en plus aigüe des perspectives limitées que l’attention accordée aux objets techniques numériques a engendrées en égale mesure chez les preneurs de décision et chez les utilisateurs sur le plan de l’information comme contenu à gérer et sur le plan des objets techniques numériques comme outils à manipuler, et ceci dans une perspective de processus à implications stratégiques inscrites dans la durée (Carr, 2010; Lanier, 2011).
Le champ émergent de la recherche en matière de culture de l’information se caractérise actuellement par des explorations sur les contours et les significations du concept, pouvant se décliner comme littératie informationnelle, culture informationnelle, intelligence informationnelle ou translittératie, entre autres, avec des angles de vision qui peuvent différer selon les postures épistémologiques adoptées et qui positionnent l’humain par rapport à la réalité (Liu, 2005; Liquète, 2010; Thomas, 2011).
Résumé : Cet article analyse la notion de communication durable, telle qu’elle est conçue et mise en œuvre par les professionnels, en montre les limites et, partant de critiques formulées par des chercheurs sur les pratiques contemporaines notamment induites par les outils offerts par les technologies de communication actuelles, introduit le temps long dans l’analyse communicationnelle pour proposer le concept de pratiques communicationnelles durables comme point de départ de recherches nouvelles. L’analyse est à la fois empirique et conceptuelle.
Résumé : Notre ambition est de dégager ce qui, dans la pratique de veille informationnelle des étudiants de master – par l’intermédiaire des outils du Web 2.0 – est de l’ordre du durable. C’est à partir de la présentation de leurs outils et du témoignage de leurs pratiques que nous portons intérêt à l’exploration et à l’appropriation de ces outils de veille, plus précisément à la mise en œuvre et au développement des habiletés pour faire fonctionner ces outils, et des stratégies en information-documentation. Ce sont aussi des compétences communicationnelles émergeant des pratiques sociales (le partage entre internautes) qui rendent féconde la translittératie. Les stratégies des étudiants évoluent au cours de leur année de formation, notamment du master 1 au master 2. Il est alors possible de mettre en évidence comment la durabilité peut s’inscrire dans leur pratique de veille et en quoi elle peut être source d’invention. Certaines de ces stratégies montrent le « bricolage » nécessaire pour ajuster la méthode de recherche d’information et les potentialités perfectibles des outils.
Résumé : Notre recherche propose une réflexion sur les pratiques de veille informationnelle d’étudiants qui préparent un master documentation en France, afin de devenir professeur-documentaliste. Parallèlement, cette étude vise à mieux connaître les étudiants qui suivent cette formation et leurs besoins. Les données émanent d’une enquête quantitative et qualitative menée dans le cadre singulier d’un dispositif d’ingénierie coopérative qui vise à articuler recherche et formation. Les principaux résultats soulignent que les étudiants n’ont pas nécessairement d’usages professionnels numériques développés et que l'installation de pratiques info-communicationnelles durables chez les étudiants seraient de nature à développer leur professionnalité.
En 1992, Philippe Breton publiait un ouvrage de chercheur engagé au titre fortement évocateur : L’utopie de la communication. Breton s’y interrogeait sur une « utopie nourrie d’un lien social tout entier communiquant […]. L’apologie d’une universalité planétaire sans contenu, les enthousiasmes naïfs pour les "mondes virtuels" et le "village global" [ayant] paradoxalement rendu attrayant le repli identitaire ». Il s’interrogeait alors : « la question pertinente est donc plutôt de se demander pourquoi nos sociétés accordent, depuis le milieu du siècle, autant d’importance à la communication » (p. 7).
Depuis le constat critique de Breton, Internet et les outils de numérisation ont fait irruption massivement dans les pratiques d’information, de communication et de documentation des professionnels d’abord, puis du grand public avec le passage au « web 2.0 ». Il se diffuse un nouveau discours utopiste dans l’imaginaire collectif populaire, dans les représentations professionnelles et dans le champ du politique, d’autant plus aisément que l’évolution vers des outils plus accessibles et plus puissants semblait concrétiser cet avenir radieux communicationnel et informationnel annoncé par les auteurs de science-fiction tout autant que par les prospectivistes.
Pour le grand public, l’utopie semble être celle de la conversation ininterrompue, de l’accès simple, gratuit ou presque, à toute l’information, à l’image et à la connaissance. Elle se nomme aujourd’hui Facebook, Twitter, Flicker, universités en lignes, réalité augmentée… Chez les professionnels, l’utopie managériale se nourrit deknowledge management, de record management, de management en réseau, de maitrise de l’information, deConsumer Relationship Management, de community management, de géolocalisation, de dématérialisation des documents… En somme, un « capitalisme sans friction » (Bill Gates, 1995). Les hommes politiques et les citoyens, quant à eux, rêvent de la démocratie numérique (Berthoud, 2000 ; Cardon, 2010) et de l’accès généralisé à l’information publique (big data). Dans le discours ambiant, l’interconnexion technique et l’interactivité humaine tiennent lieu de performance et promettent le bonheur.
En sa qualité d’hôte de la 7e édition du COSSI, c’est à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information (EBSI) de l’Université de Montréal qu’il revient l’honneur d’inaugurer cette nouvelle avenue de recherches, dont la thématique invite à réfléchir aux savoirs et aux savoir-faire organisationnels, aux pratiques, politiques et procédures les entourant, ainsi qu’aux méthodes de management et de passage de ces intangibles critiques pour toute organisation qui cherche à se renouveler, afin de se bâtir un avenir durable.
Si les principes du développement durable cherchaient initialement à orienter les manières de faire dans le domaine de l’environnement, la nécessité d’un développement présent garantissant la capacité des générations futures à satisfaire leurs besoins a rapidement mis en évidence le lien intrinsèque entre les territoires de l’écologique, du social et de l’économique. Puisque le développement durable implique avant tout un changement profond des stratégies dans les différentes aires d’action de ces domaines, il devient impératif d’investiguer les approches organisationnelles informationnelles, communicationnelles et documentaires à l’œuvre ou en proposer de nouvelles qui soient aptes à soutenir les efforts déployés par les structures de tout milieu – institutionnel ou corporatif, afin d’assurer leur développement actuel, sans compromettre leur avenir ou celui des individus ou des collectivités.
Dans cet esprit, le 7e COSSI lance cet Appel à communications où tous les sujets traitant de durabilité organisationnelle peuvent être abordés, selon leur lien avec l’information, la communication, le savoir, les stratégies, la gouvernance, la protection de l’immatériel, la transmission, la médiation, l’architecture de l’information et la dynamiquecommunicationnelle, etc. Vu l’ampleur et la rapidité des changements se manifestant dans l’environnement physique et virtuel des organisations, toute réflexion issue des domaines de l’administration, du droit, de l’économie, du management, de la philosophie, de l’histoire des sciences, des sciences politiques, de l’éducation, etc., et reliée à la problématique énoncée, sera accueillie avec le plus grand intérêt.
En 2005, Denise Jodelet introduisait son article Formes et figures de l’altérité en écrivant : « Incarnation de la diversité humaine, l’autre est pluriel. Il paraît ou est désigné tel, à divers titres, sous des conditions, dans des circonstances et à partir de points de vue multiples. Les questions que l’on peut poser à son propos sont aussi variées : de qui s’agit-il, individu ou groupe ? Comment et pourquoi s’opèrent sa perception, sa définition, sa construction, sa représentation ? Quelles relations sont établies avec l’autre, sous quelles formes pratiques et symboliques, en fonction de quelles motivations ou fins, sur la base de quelles positions sociales relatives, etc.? »
Ayant posé la diversité - donc l’existence de l’Autre, différent - comme consubstantielle à l’existence de la société humaine, Jodelet proposait un premier repère pour aborder la question de l’altérité en caractérisant deux figures de l’altérité. « D’une part, « l’altérité du dehors » qui concerne les pays, peuples et groupes situés dans un espace et/ou un temps distants et dont le caractère « lointain », voire « exotique », est établi en regard des critères propres à une culture donnée correspondant à une particularité nationale ou communautaire ou à une étape du développement social et technoscientifique. D’autre part, « l’altérité du dedans », référant à ceux qui, marqués du sceau d’une différence, qu’elle soit d’ordre physique ou corporelle (couleur, race, handicap, genre, etc.), du registre des mœurs (mode de vie, forme de sexualité) ou liée à une appartenance de groupe (national, ethnique, communautaire, religieux, etc.), se distinguent à l’intérieur d’un même ensemble social ou culturel et peuvent y être considérés comme source de malaise ou de menace.
Le questionnement sur l’altérité proposé par Jodelet ne saurait être réservé à la psychologie sociale. L’altérité[1], qualité de ce qui est autre, de ce qui est différent, interroge les normes, le traitement par la masse des données de situations qui ne sont pas nécessairement massives, la simplification par le recours répétitif à des procédés de communication qui réussissent « en général », la négation, l’affirmation voire la revendication de la figure de l’autre…
Résumé : Notre recherche porte sur l'implémentation d'un système territorial conçu pour encourager la créativité, l'innovation et l'intelligence collective ancré dans l'économie des Communs, baptisé Imaginaeria. Celui-ci repose sur un modèle d'intelligence territoriale « évoluée », nommé intelligence imaginieriale, que nous avons développé dans le cadre de notre thèse. Nous avons conçu ce modèle pour développer des territoires créatifs, apprenants et adaptatifs dont l'activité économique et sociale repose sur le développement, la protection et la promotion des imaginaires locaux qui définissent la culture singulière de chaque territoire. L'objectif est de lutter contre le phénomène de standardisation des cultures par le biais de son industrialisation au sein d'une économie marchande mondialisée en encourageant l'expression libre des subjectivités et des singularités dans le monde.